Popotlan, ce héros !

Popotlan s'était converti en une effrayante forme squelettique, aussi maigre qu'un barreau de prison et aussi blanc qu'un fantôme. Et d'ailleurs, les mots "prison" et "fantôme" résumaient bien ce qu'il avait vécu ces dernières semaines. L'obscurité, les rats, le froid, la faim, le silence...oh, oui, le silence.... et les rêves. Surtout les rêves! Et il avait fallu que deux intrus viennent l'interrompre dans ses rêveries (et sa lente agonie) pour le faire sortir de sa cachette. Il devait maintenant se montrer fort et chercher de l'aide.

C'est donc cet angoissant personnage qui traversait tant bien que mal l'académie, les yeux plissés puisque la lumière lui était douloureuse. Il arriva au hall d'entrée et n'en pouvant plus, s'assit par terre et cria de sa petite voix fluette:

- A l'aide! S'il vous plaît, j'ai besoin d'aide!

Il attendait une réponse qui n'arrivait malheureusement pas. Il reprit une forte respiration et cria à nouveau:

- Est-ce que quelqu'un m'entend? J'ai besoin d'aide!

Et cette fois, il obtint une réponse...

Matlalcoatl avait cherché Tzahuanittzin toute la journée. Il était allé la chercher à ses appartements mais la femme ne se trouvait point-là. Puis le garçon était allé au lac, ensuite à la cascade. Le maître de l’eau ne se trouvait pas là. Ensuite le garçon s’était mis à la recherche de Lila La Minette. Cette belle fille aux cheveux blonds avec des fleurs accrochées. Cette fille qui avait fait que son cœur bat plus que jamais. Mais Matlalcoatl ne l’avait pas trouvé, de même qu’à Tzahuanittzin. Le jeune homme avait passé toute la journée seul. Mais pendant toute la journée il se sentit suivit. Peut-être Tzahuanittzin ? Peut-être Lila ? Peut-être Cozamalotl ? Ou bien, peut-être quelqu’un d’autre.

Lo soleil s’était couché. Matlalcoatl faisait une promenade nocturne dans les jardins. Mais son estomac rugit. Il avait faim. Le garçon n’avait aucune idée de l’heure. Le jeune homme se dirigea donc vers l’intérieur de l’académie. S’il avait raté l’heure du dîner… il ne savait d’où il sortirait de la nourriture ! Mais il pouvait être aussi en avance.

Matlalcoatl rentra par le hall d’entrée. Là se tenait débout un garçon, vêtu de noir. Matlalcoatl ne le connaissait pas. Le garçon était bien plus grand que Matlalcoatl, mais il était maigre, le garçon avait l’air de ne pas voir la lumière du soleil depuis plusieurs journées. Matlalcoatl se demanda l’âge de ce sujet. Impossible à deviner ! Il avait la taille d’un homme de plus de dix-huit ans. Mais maigre comme un enfant. Le jeune avait les cheveux noirs, comme Matlalcoatl. En regardant son visage, Matlalcoatl conclut que ce personnage devait avoir entre quinze et dix-huit ans. « Bon… mon âge est aussi difficile à savoir » pensa Matlalcoatl. « J’ai dix-sept et pourtant les gens pensent que j’ai quinze ! »

Le garçon mystérieux fit entendre sa voix :

- Est-ce que quelqu'un m'entend? J'ai besoin d'aide!

Aide ? Pourquoi donc ? Matlalcoatl s’approcha au garçon :

-Que ce passe-t-il ?

Quelqu’un serait en danger ?

Popotlan fut heureux d'entendre une réponse, masculine qui plus est: il n'avait eu que de mauvaises aventures avec les derniéres filles qu'il avait rencontrées et c'était un soulagement de faire face á un garcon. Mais il eut un coup au coeur lorsqu'il leva ses grands yeux noirs sur Matlalcoatl: ce garcon lui ressemblait étrangement. Méme couleur de cheveux, méme grands yeux foncés, méme allure ténébreuse et il semblait avoir également une quinzaine d'année. Popotlan était certes bien plus grand et plus maigre que lui, mais leurs traits étaient similaires: un petit nez pointu, des lévres fines, des grands yeux ronds, un petit cou, le visage ovale, et la méme douceur dans le regard. A tel point que Popotlan douta de cette apparition: serait-ce un songe? serais-je en train de réver?

Il se frotta les yeux, se secoua la téte et demanda alors á celui qu'il prenait pour son double:

- Qui es-tu? J'ai l'impression de te connaítre, j'ai l'impression que... que.... tu es mon.... reflet... mon double... Qui es-tu?

Faisait-il vraiment face á un sosis ou un cousin éloigné, ou était-ce le fruit de ses délires? Il ne tarderait pas á le savoir...

Une journée d'inutilité pour Huitzillin, elle s'était levée tôt de son petit lit dans sa petite chambre des appartements des invités de l'académie, aucun miroir pour pouvoir se regarder... Mais ce qui était important c'était de trouver son petit frère, elle fit un grand tour partout: les ruelles, le marché, le volcan, les alentours du palais d'Ahuizotl, les champs de maiz... Vraiment PARTOUT!

Dans le Templo Mayor elle avait été vraiment très mal reçue: regardant ce dos sans vêtement et le corset très ouvert, les prêtres furent en colère et elle fut rejeté à coups de bâtons:
Dans l'auberge Moyatlan, elle prit la liberté de toquer à chaque porte, la majeur part des réponses furent des insultes ou des gémissements des personnes qu'elle réveillait délibérément, elle s'excusait avec un petit "Pardon!" Mais aucune voix que ressemble à celle de son frère. La dernière porte à laquelle elle toqua fut celle d'un homme bien étrange..:
"Oh la la la! Quelle journée! Je me demande si jamais je le retrouverai! Je me demande si mes appartements auront un miroir et si ils me seront attribués bientôt! Je veux manger... C'est déjà tard, quand est-ce que je pourrai manger?" Soudain elle fut séparée de ses pensées par un bruit très particulier, marchant tranquillement vers oú elle entendit ce bruit elle découvrit un homme très grand et très maigre, naïvement elle crut qu'il s'agissait de quelqu'un de 30 ans qui venait demander quelque chose à manger dans l'académie. Juste quand elle allait voir ce qui n'allait pas avec cet homme un nouveau personnage rentra en scène, un adolescent d'à peu près 15 ou 16 ans. Elle entendit leur conversation et décida d'elle même rendre son aide à ce pauvre homme, elle courut et s'assit à côté de lui:

Matlalcoatl attendait que l’étrange garçon lui dise qu’elle était la nature de son problème. Mais la réponse qu’il reçut à la place le déconcerta. C’était quoi donc cette histoire de double ? Matlalcoatl n’était double de personne, par ce qu’il savait. Il n’avait pas de frère jumeau et il n’avait jamais vu le garçon qui se tenait devant lui. Matlalcoatl regarda attentivement Popotlan quelques instants. Il avait les mêmes cheveux noirs que lui, un petit nez pointu, des lèvres fines et des yeux obscures et ronds ... C’était vrai que du visage les deux garçons se ressemblaient énormément. Matlalcoatl compris rapidement d’où venait cette histoire de double. Mais au physique, les deux jeunes hommes étaient différents. On dirait que Matlalcoatl est le petit frère de Popotlan !

-Je suis Matlalcoatl Tonalli. Et je ne crois pas que je sois ton double ni quelque chose comme ça. Je n’ai pas frère jumeau, seulement une petite sœur de dix ans. Et toi qui es-tu ?

« Mais qu’est-ce que je raconte ? Non, pas le temps pour discuter ce sujet ! Peut-être quelqu’un est en danger » se dit Matlalcoatl.

-Mais qu’est-ce que je dis ? Il y aura du temps pour discuter cela ! Mais pas maintenant. Quel est ton problème ?

Soudain une voix féminine surgit à côté d’eux :

-Qu'est ce qui ne va pas? Pauvre homme, vous recevrez l'aide que vous méritez.

Matlalcoatl se retourna vers où surgissait la voix. Assise à côté de Popotlan se trouvait une femme d’une vingtaine d’années aux cheveux orangeâtes attachés, une femme fort belle. Elle était chaussée avec une paire de sandales à longs rubans qui montaient jusqu’à ses genoux. Elle portait une jupe et un corset rigide et… comment dire ? Trop ouvert ? Oui, comme ça. Matlalcoatl imagina l’expression du prêtre Otonqui s’il voyait cette femme et ses vêtements : une expression de grande désapprobation et de colère. Comme celle qui avait quand Matlalcoatl lui avait montré ses pouvoirs pour la première fois, après cela il avait était renvoyé du Calmecac immédiatement. Si cette femme rentrait dans un temple les prêtes feront la même chose, la faire sortir. Mais Matlalcoatl ne trouvait pas Huitzillin aussi belle que Lila la Minette.

Je ne mérite aucune aide, pensa notre héros lorsqu'il entendit une voix féminine lui en proposer, Vraiment aucune.

Il leva ensuite ses yeux fébriles et aperçut une étrange beauté. La femme qui lui faisait face était ravissante et sa beauté suffisait à effrayer notre pauvre petit Popotlan. Il essaya alors de réunir toutes ses forces pour donner le message qu'il était venu donner. Car, oui, s'il se trouvait ici, en pleine lumière, c'était pour trouver de l'aide à ces deux femmes qu'il avait malheureusement blessées sans le vouloir dans les souterrains de l'école.

- Deux femmes, commença-t-il à dire sans parvenir à regarder dans les yeux Huitzillin, deux femmes blessées... Elles ont besoin d'aide... bafouilla-t-il.... d'aide, oui, c'est cela, elles ont besoin d'aide.... dans les souterrains.... avec les rats.... Et il pointa du doigt la direction de la porte des souterrains: par là-bas!

Puis il observa à nouveau le garçon qui lui faisait face: leur ressemblance était frappante. Et il devrait mener son enquête par la suite pour comprendre.

Popotlan avait l’air effrayé à cause de Huitzillin. Puis le garçon parla :

- Deux femmes, deux femmes blessées... Elles ont besoin d'aide... d'aide, oui, c'est cela, elles ont besoin d'aide.... dans les souterrains.... avec les rats....

Matlalcoatl fit une moue en écoutant le mot « rats ». Cettes petites bêtes ne plaçaient point au jeune garçon. Popotaln pointa du doigt la direction des souterrains et indiqua que cette par là. Puis il regarda Matlalcoatl. Le garçon ne sentit point les yeux de Popotlan fixés sur lui. Il regardait vers où avait pointé l’étrange garçon. Matlalcoatl jeta un coup d’œil rapide vers Huitzillin. Puis une pensé le frappa : et si une des femmes en danger était Tzahuanittzin ? Ou Lila? Le garçon ne l’avait pas vue pendant toute la journée.

-Il n’y a pas de temps à perdre ! dit-il.

Matlalcoatl sortit en courant vers les souterrains.

Popotlan était rassuré : les filles prises au piège dans les souterrains allaient être sauvées par ce jeune homme qui lui ressemblait tant. Il avait réussi. Lui, Popotlan, avait été chercher de l'aide et il s'en sentait fier. Il avait su réparer le mal qu'il avait causé.

- Je suis un héros... laissa-t-il naïvement sortir de ses pensées.

On peut s'en étonner: pour Popotlan, être un héros signifiait aller chercher du secours. Mais pas une seconde l'idée lui vint qu'il aurait pu lui aussi retourner dans les souterrains pour secourir les jeunes filles. Mais on ne peut pas lui en vouloir, Popotlan était parfois un peu simplet et ce petit acte de bravoure équivaut pour une personne normalement constituée à un grand exploit !

Puis il se tourna vers la jeune fille qui avait une voix si douce et lui sourit. Contrairement à son sosie mystérieux, elle n'était pas partie. Elle restait là, à regarder tendrement Popotlan et semblait éprouver une sorte de compassion...

- T'es qui, toi? lui dit-il à demi-voix.

Le pauvre homme, il délirait surement, Huitzillin ne croyait pas vraiment que quelqu'un soit attrapé dans les souterrains, on aurait eu besoin de deux personnes très imprudentes pour rentrer dans les souterrains et qui finissent par se perdre.
Mais en fin, Matlalcoatl était allé vérifier, évidemment elle était restée seule avec l'homme.
Huitzillin avait l'impression d’être en face de la Mort, cette personne était extraordinairement maigre et allait surement mourir s'il ne recevait pas une aide au plus tôt possible.

Soudain une pensée lui vint dans la tête quand Popotlan lui demanda qui était-elle, si cet homme avait cru qu'un étudiant de l'académie était son jumeau perdu Huitzillin n'aurait pas de mal à lui faire croire quoi que se soit:
Elle prit la main du jeune homme et attendit sa réponse et elle attendait surtout qu'il ne sache pas qu'elle était seulement le maitre de l'air.

Matlalcoatl porta Cuauhcihuatl jusqu’au hall d’entrée. Comme il pensait la femme rousse et le garçon aux cheveux noirs étaient encore là. Apparemment ils parlaient, ce qui énerva Matlalcoatl. Ils étaient restés là au lieu de lui venir en aide ! Mais ce n’était pas le moment de se mettre en colère. Il devait amener Cuauhcihuatl à l’infirmerie, et vite. Il s’approcha au couple avec la fille aux cheveux blancs dans les bras et parla rapidement, préoccupé :

-Est-ce que vous connaissez le chemin à l’infirmerie ?? Cuauhcihuatl est inconsciente et a des blessures dans le dos ! Je dois la ramener à l’infirmerie rapidement !

Matlalcoatl attendit impatient un réponse de la part des deux personnages.

Cuauhcihuatl continuait à rêver. Elle ne savait pas qu’elle n’était plus aux souterrains avec Tzahuanittzin. Elle était maintenant dans les bras de Matlalcoatl dans le hall d’entrée avec Popotlan, le coupable de tout cela, et une étrange femme nommée Huitzillin.

Dans ses rêves, Cuauhcihuatl s’envolait, mais soudain elle redescendit au sol : Matlalcoatl était resté debout à l’entrée des souterrains. Puis elle laissa le sol encore une fois et après elle redescendit : Matlalcoatl était arrivé au hall et était debout à côté de Popotlan et Huitzillin. Dans ces rêves, Cuauhcihuatl se demandait :

-Pourquoi ai-je redescendit au sol ?

Elle voulait aller aux nuages. Puis elle se rendit compte : c’était un rêve. Cuauhcihuatl écouta une voix prononcer son prénom : celle de Matlalcoatl. Cuauhcihuatl ouvrit faiblement ses yeux gris et vit une grande figure grisse et floue: Popotlan. Cuauhcihuatl ne le reconnut pas. La fille était très fatiguée et avait mal au dos, elle referma donc ces yeux. On aurait dit qu’elle continuait à être inconsciente, mais en réalité elle entendait tout. Soudain, la fille entendit une voix.